mercredi 5 décembre 2012

J’aime pas l’école.

La nuit fonce encore les rideaux et MaPrincesse grognonne tandis que LePaf tire ses enfants du sommeil et sur les couettes.

Elle n’aime pas cette école qui la contrarie d’un bout à l’autre de la journée ouvrable.
Dans ses envies de sommeil le matin, dans son désir de jeu quand il faudrait s’habiller vite, dans son exigence d’un dvd le soir.

Elle lui en veut surtout car, avec elle, ont disparu ses privilèges.

Il n’y a pas six mois, c’est d’un œil à demi couvert par l’oreiller qu’elle pouvait observer l’agitation matinale.
La maison et son père pour elle seule, dès les autres partis user les pupitres ou les tapis de souris.
Le temps de badiner, se promener, passer toute une heure en n’ayant enfilé qu’une seule chaussette.
Les bras toujours aimants et disponibles des adultes de la crèche au si peu de contraintes.

D’une si délicieuse époque on ne peut faire le deuil.

Comme ces têtes russes et couronnées qui, tandis qu’on débaptisait Saint-Pétersbourg, s’entassaient en une bonne centaine de mille jusque loin dans Paris, par-delà l’enceinte Philippe Auguste pour certaines, sans le sou pour beaucoup, mais qui jamais, toutes dépossédées qu’elles puissent être,  les derniers bijoux vendus, les mains écorchées par les pieds de lampe faits maison et plus ou moins bien vendus au porte-à-porte, les yeux abîmés par les heures passées en atelier de confection de chapeaux pour dames épargnées par le sort, jamais, donc, ne céderaient un pouce de leurs manières aristocratiques.
Jusqu’à ce que Sainte-Geneviève-des-Bois, dernier abri des Russes blancs au sang bleu, les accueille.

MaPrincesse est de cette trempe
Elle ne saurait abdiquer devant une réalité contrariante et œuvra dès les premiers jours de rentrée pour se reconstituer un ersatz des glorieux jours d’antan.
Repérer celui ou celle des adultes qui cédera le plus aisément à ses moues et charmes de paupières.
Avoir à disposition des refuges de câlins, des aides compatissantes pour manier la fourchette, un amoureux pour tenir manteau, bonnet et doudou le temps d’un toboggan.
Reconstituer dans la faune de l’école cet univers de servantes et dames de compagnies en promenade entre les troncs de bouleaux pâles et diaprés.

A ces conditions  MaPrincesse parvient à reconnaitre quelques qualités à l’école qu’elle n’aime pas, certes, mais à l’exception de sa maitresse, ses copines et ses copains aussi.

Mais il est des jours où les séductions n’opèrent pas, alors les indulgences s’évanouissent, les rancœurs se déchainent.

Je dé-teste l’école.

On lui dit qu’elle exagère.
Elle, nous assure que non.
Elle n’est pas xagère.




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