vendredi 27 mai 2011

Une cuisinière, avec un four en verre, des tas de couverts et des pelles à gâteaux.
Une tourniquette pour faire la vinaigrette.
Un bel aérateur, pour bouffer les odeurs.
Non LePaf ne joue pas les Gudule, mais liste ce qui jonche le tapis rose de MaPrincesse.
En face, on aperçoit un monticule constitué d’armes diverses, de dinosaures et balles de toutes tailles.
Deux mondes se regardent de chaque côté de la moquette râpée.
En soi, rien de mal vous me direz.
Sauf que chez MaPrincesse les jeux de petite fille sentent fort la corvée de maison.
Et ceci la perturbe d’ailleurs.
Comment construire son identité si tout ce qu’on (mais pas nous) lui offre renvoie aux activités de son père.
Je sens son trouble.
L’autre jour à la crèche alors qu’une fille de son âge voulait lui mettre un balai entre les mains, elle fut saisie et perplexe, ne sachant que faire de l’instrument. Heureusement qu’un garçon de son âge passait à sa portée. Elle a pu ainsi se débarrasser de l’instrument.
Non, décidément, il faut faire le tri dans ses jouets. Il en va de son équilibre futur.
Pendant que j’y suis, je vais transférer dans sa chambre les marteaux, scies, tournevis, et autres établis en plastique qui trainent, inutiles, du côté de ses frères.
C’est qu’ils s’en servent très peu, mettez vous à leur place. Ils auraient honte
Hier, alors que MonTerrible maniait une pince, son grand frère méprisant l’a stoppé dans son élan d’un sans réplique « le bricolage, c’est un truc de fille. »


 


LePaf pratique :
Camarades parents. Ne vous laissez pas exploiter par votre chair, fut-elle aussi votre prunelle (enfin celle de vos yeux).
Mettez vos enfants au travail.

vendredi 20 mai 2011

Shazam !
Il aura suffi AuPaf irrité de tancer un MonAiné dissipé d’un « tu ferais ça à l’école ? » pour se retrouver projeté entre des rangées de verres Duralex, de pichets en plastique et de braillards sans peur des reproches.
L’endroit où le mantra des cantinières excédées était  un robuste « Est-ce que tu ferais ça chez toi ? »
Quant il semblait alors normal que ce soit la maison qui enseigne la discipline aux enfants me voilà en train de la chercher à l’école.
Son monde s’est réellement renversé.
Oui, oui, je sais. Tous autant que nous sommes réclamons de plus en plus à l’école mais chez LePaf, il y a plus.
C’est que pour lui, l’école est l’autorité même. Celle devant laquelle on se rapetisse.
Devant la grille, ça va encore.
Une fois celle-ci passée, c’est la grande transformation.
Shazam ! (Oui, encore.)
Raccourcissent mes culottes, reblondissent mes cheveux, et tremblent mes genoux.
Retour de l’enfant pas fier, prêt à avouer des fautes qu’il n’a pas commises, aux yeux toujours baissés devant maitresse et directeur.
Et la concierge qui fronce en votre direction au son de la porte trop peu délicatement fermée.
Et l’instituteur qui peste autant contre vous que votre enfant un peu trop rétif aux consignes de sécurités.
Et la femme de ménage que vous faites soupirer à marcher à proximité de ses coups de balais.
Je ne pourrai jamais être adulte ici.




LePaf pratique :
Enfin, pratique…
Disons qu’aujourd’hui, je me fais fort d’enrichir votre culture générale ce qui n’est pas sans utilité.

vendredi 13 mai 2011

Il y a l’aristocratie des parents du matin.
Celles et ceux qui portent cravate ou tailleur.
LePaf ne voit souvent que leurs dos s’éloigner dans l’air du matin.
A l’aise d’un côté comme de l’autre de la grille de l’école, souriants, chaleureux dans leurs formules toutes faites.
La bise à peine posée sous les boucles blondes et déjà à califourchon sur un de ces deux-roues parfois pourvus de trois (roues) ; en route pour l’open-space.
Je suppose que je les admire un peu.
Derrière eux : les autres, les lents, les compagnons DuPaf.
Pressés et pourtant à la traîne.
Reliés par des bras tirés à une portée d’enfants aux bouches encore pleines nous avançons à trot bancal et paniqué.
Gens d’après sonnerie, mis de travers dans nos habits choisis à tâtons ensommeillés.
Il y en a pour porter des lunettes de soleil et s’y penser cachés.

Pas du matin.
Le soir est notre territoire, quand sonne la cloche de fin.
Maintenant qu’ils sont minoritaires, on les voit moins faire les malins, les dynamiques sympas, au milieu des nounous bardées d’enfants.
Quand nous, ceux de la voiture balai, sommes en grand nombre.
Détendus et frais dans nos habits convenables nous échangeons sourires et menus propos qu’il y a quelques heures  la hâte et la gêne interdisaient.
Il sera bien temps demain, à l’heure du sprint, d’éviter de croiser nos  yeux ensommeillés.




LePaf pratique :
Une technique pour éviter la panne d’oreiller : la multiplication des réveils.

vendredi 6 mai 2011

Balance le cœur DuPaf.
Entre sévérité et laxisme il hésite plus souvent qu’à son tour.
Cette tenace indécision, façon Buridan, pourrait lui valoir un bonnet d’âne tant à ne pas savoir trancher il est parfois mauvais pédagogue.
Et, comme de bien entendu,  cette incapacité à trancher augmente avec la pression.
Oui, car pression il y a. Être parent c’est être en permanence jugé par ses contemporains.
Un tribunal permanent qui commence dès après la conception, dans ces armées de regards noirs se jetant sur la malheureuse femme enceinte qui cède à l’envie d’un malheureux verre de rouge ou d’une cigarette après trois semaines d’abstinence et la peau recouverte de patchs.
Comment ne pas peser longtemps ses décisions dans ces conditions ?

Je sais bien que MaPrincesse pleure trop fort et depuis trop longtemps dans cet inconfortable wagon de deuxième classe déjà stressée par quatre heures de trajet.
Oui, je vous entends bien murmurer, vous là bas, place 72 côté fenêtre que lorsque vous serez père vos enfants ne se conduiront pas comme ça.
Je peux vous comprendre d’ailleurs.  Avant d’être soulagé par  les cris de Gremlins qui ne m’appartiennent pas,  j’étais comme vous.
Mais que dois-je faire ?
Bâillonner l’enfant  n’étoufferait pas grand chose. Crier plus fort qu’elle ne vous satisferait sans doute pas davantage. Tenter de la raisonner et/ou de la menacer a peu de chance de marcher vu les années qui la séparent encore de l’âge dit de raison.
Ne me reste plus qu’à varier les mécontents en promenant l’enfant de wagon en wagon.

Mais il s’agit là d’un cas relativement simple où, après réflexion, un choix s’impose même s’il n’est pas plus satisfaisant que ça.

L’enfer, c’est le jardin d’enfants. (LePaf hait les jardins d’enfants.)
 En plus de m’inquiéter en permanence d’où se trouvent mes rejetons, il me faut aussi surveiller qu’ils ne lèsent, privent, ni ne bousculent les autres bambins de l’aire de jeu.
Tout cela sous l’œil d’autres parents qui auront tôt fait de me reprocher les incartades des miens.
Mais, dois-je intervenir dès les premiers échanges un peu houleux au risque d’empêcher que les choses ne s’améliorent d’elles même et que le jeu ne reparte de plus belle ?
Et ce couple là-bas, ne s’apprête-t-il pas à sermonner MonTerrible qui escalade le toboggan à contre sens ?
Dois-je m’excuser pour lui ?
Mais s’ils souhaitent juste lui causer, ne vais-je pas passer pour un père castrateur auprès de parents d’élèves que je croise quotidiennement ?
Et cette bataille autour du cheval à bascule. Qui a commencé ?
Vais-je être injuste avec MonAiné ou donner l’impression de l’élever en enfant roi.
  
Perpétuel et épuisant dilemme du prisonnier autour de la cage du même nom.

Allez les enfants. On rentre maintenant !
Comment ça, ça fait seulement cinq minutes qu’on est là ? Oui, ben c’est très long cinq minutes vous ne voyez donc pas dans quel état est votre père ?




LePaf pratique
:
Vous me voyez, après cet exposé, être capable de donner le moindre conseil ?
 Je me présente bien plus à vous en demandeur, là.
Une petite réflexion cependant, pas si éloignée.