lundi 29 novembre 2010

Il faudra bien qu’un jour LePaf s’arme de courage et ceigne son front d’une lampe spéléo.
Car les murs de son appartement abritent un mystère, une aberration que les plus pointus des scientifiques ne sauraient, je suis sûr, expliquer.
Quelque part, sous la moquette, au fond d’un tiroir ou dans quelque autre coin du logis se cache un trou noir.
Enfin, je dis un trou noir, je n’en suis pas si certain.
Ça peut tout aussi bien être un passage vers une autre dimension, un autre temps, que sais-je ?
Je sens bien que vous me prenez pour un fou. Pourtant, à l’exception, d’une tendance à parler de lui à la troisième personne, LePaf est l’être le plus équilibré du monde.
Cessez, je vous prie ces demis sourires sceptiques qui percent l’écran et me vexent.
Parce que vos haussements d’épaule et de sourcils, c’est bien joli mais il faudra m’expliquer alors comment ce fait-il que, depuis que je suis père, une quantité non négligeable de textile tend à disparaitre sans raison.
On a beau retourner les meubles, aucune trace.
Je n’ai pas vu d’autres solutions.
(Et j’ai un peu peur…)



LePaf pratique :
Ma collection de chaussettes seules ayant maintenant atteint des proportions assez considérables il a fallu se confronter aux deux seules alternatives possibles : tout jeter, ou leur trouver une utilité.

vendredi 26 novembre 2010

LePaf a sa pudeur.
Très mal à l’aise avec les gauloiseries son visage s’empourpre dès le premier orteil engagé hors de la bienséance.
Pourtant LePaf savait qu’avec des enfants viendrait, un jour ou l’autre, l’heure des questions embarrassantes.
Comme il sait faire rimer bon vivant avec prévoyant, il s’est armé.
Ainsi trônent dans la bibliothèque enfantine force livres éducatifs illustrés et adaptés à tous les âges de la vie jusqu’à la puberté. Tous consacrés aux mystères de la reproduction.
Forteresse de papier derrière laquelle s’abriter par gros temps de questions gênantes.
Mais on ne l’a pas toujours sous la main.
LePaf a heureusement maintenant assez de métier pour noyer le poisson jusqu’au retour de ChèreEpouse, laquelle a ce petit pouvoir spécial qui lui permet d’aborder ces questions sans trop de bredouillements.
Mais il faut croire que mon métier s’émousse.
MonTerrible par l’œil attiré s’est l’autre jour plongé avec délectation dans une affiche publicitaire fort colorée et dont composition et typographie étaient autant de promesses des plus grandes festivités.
Tout à la contemplation il parcourait du doigt les lettres roses et argentées de la marque vantée : DUREX.
Comme ce petit a fort bien compris le principe de la publicité, il voulut en savoir plus sur le produit promu.
Et moi, désarçonné de répliquer un piteux « Je t’expliquerai quand tu seras plus grand. »
Et le pauvre trésor de tordre son visage puis, dans de grands jets de larmes, de crier : « mais y’en aura pluuuuuuuuus ! »



LePaf pratique :
Dans l’esprit de partage qui règne ici, après vous avoir ouvert les portes de ma vie paterniprofessionelle, voici l’heure d’ouvrir celles de ma bibliothèque.

lundi 22 novembre 2010

LePaf est ému.
Sous son regard humide mais fier, MonTerrible noue ses premiers lacets d'un geste déjà sûr.
Tel une coche sur la toise, ce genre de petit événement marque une étape.
Siffler entre ses doigts, faire du vélo sans petites roues. Autant de rites de passage que LePaf, maintenant qu’il y pense, n’a pas vraiment su franchir.

Et LePaf de réaliser soudain avec angoisse qu'il n'est sans doute pas un adulte accompli.
Il n’a jamais fait plus de bruit que de postillons quand il s’agissait de prévenir de l’arrivée du pion.
Il a, sur un deux roues, l’allure d’un crapaud en croupe sur une boite d’allumette.
Puis survient la plus implacable des confirmations.
Plusieurs heures après le premier nouage, les lacets de MonTerrible étaient toujours en place. Ceux DuPaf, eux, ont dû être refaits trois ou quatre fois dans l'intervalle.
LePaf est jaloux.




LePaf pratique :
Le saviez-vous ?

vendredi 19 novembre 2010

LePaf est un mâle, un vrai (bien qu’il ne soit pas tatoué).
Oui, car LePaf aime le foot.
Enfin, je vous dis ça mais lorsque j’étais enfant, les sports de balle étaient plutôt du goût des filles (mère, sœur). Les membres virils (sic) de la famille préférant les compétions mécaniques.
Mais, LePaf ne croyant pas à la fatalité a décidé très tôt d’initier ses deux grands rejetons aux joies du ballon.
Non, pas sur un terrain ; à la télévision. En matière footballistique LePaf aurait plutôt, comment dire, un physique de commentateur.  
Las, l’emballement escompté ne s’est pas produit.
On multiplia explications, histoires édifiantes. On se ruina en achat de livres illustrés mais rien ne vint fissurer ce triste mur d’indifférence (oui, le sport  vous pousse facilement au lyrisme pompeux).
Il n’y a guère que les soirs d’absence de ChèreEpouse que l’idée de passer du temps devant vingt-deux hommes qui courent les séduit.
Bon, la perspective de manger devant la télévision – interdit suprême ; je vous en prie, ne dites rien à ChèreEpouse – doit aussi y être pour plus qu’un peu.
Bonheur fugace. Ils sympathisent quelques minutes avec mes soubresauts puis se lassent, parlent d’autres choses, parasitent le spectacle jusqu’à ce que mes éclats de voix les renvoient dans leur chambre.
Tout cela sent fort l’échec éducatif.
J’exagère.
Il y a bien un petit quelque chose qui pourrait les avoir influencés. Si j’en juge par la façon dont se jouent beaucoup de leurs disputes, il semblerait que la version transalpine du football (simulations, tirages de maillots, mauvaise foi véhémente, etc.) ait tout de même laissé quelques traces.
Pour le reste, je ne peux plus compter que sur MaPrincesse.
Ah, le poids des traditions familiales…



LePaf pratique :
Le truc aussi pour les coller devant un match, c’est le menu : mes hamburgers façon César.

lundi 15 novembre 2010

Chez LePaf, c’est parfois Versailles.
Que MaPrincesse use de ses jouets pour écoper et la salle de bain devient celle des Grandes Eaux.

Dans le quotidien DuPaf se nichent à l’occasion des échos de l’Ancien Testament.
Que MonTerrible improvise une bombe du haut du rebord de la baignoire et c’est la Mer Rouge qui s’ouvre en deux tandis que DuPaf sortent des éclairs, des voix et des tonnerres.

Mais, surtout, les figures qui guident la vie DuPaf en ces pièces consacrées à la toilette c’est Cendrillon ou Blanche-Neige.
MonAîné a beau être parvenu à un âge où on est plus économe de ses dispersions d’eau, les séances de bain se finissent  presque toujours mes genoux au sol à tremper puis essorer une serpillère grisâtre.
En ces temps de servitude je ne pense pas en chantonnant au jour ou quelque prince viendrait me chercher mais bien davantage à la formule que trouva l’Apprenti sorcier pour faire avancer seuls ses balais et ses seaux.
(J’ai la présomption de penser que j’en userais avec davantage de maîtrise que lui.)



LePaf pratique :

vendredi 12 novembre 2010

Un cri.
Un cri plein d’angoisse et de dégoût poussé par ChèreEpouse aux premières heures du matin, tandis que l’aube naissante est encore trop faible pour éclaircir les teintes d’encrier étalées sur les carreaux.
LePaf est brave, formé à la dure par la discipline quasi militaire qu’exige sa fonction, son sacerdoce devrais-je dire.
Peu importent les risques, en un rien de temps le voilà auprès de sa belle, armé d’une chaussure de randonnée pointure 43.
A nos pieds s’étale, entre la tache et le monticule, la rougeâtre séquelle d’un odieux forfait perpétré contre notre si cher parquet en point de Hongrie.
Rengainons nos chaussures, le temps n’est plus celui du combat mais celui de l’investigation.
Au travail :
Scène de crime protégée.
Analyse des couleurs
Texture
Odeur.
A quatre pattes sur le parquet le paf tend ses narines et son regard, cochon truffier ou plutôt chien douanier (qui n’est donc pas un imbécile) ; il a trouvé.
Allo ChèreEpouse ? C’était du Paille d’or très dense en salive, mâché, remâché, craché et écrasé avec acharnement.
Un suspect ?
Oui : MaPrincesse. En tant qu’unique consommatrice du produit à la framboise et multirécidiviste du mâchage recraché, tout la désigne.
Une punition ? Enfin voyons ChèreEpouse. Elle est pour l’instant en planque à la Crèche et ce soir il y aura prescription. Tu sais bien que la colère d’un père à l’égard de sa dernière fille ne peut dépasser la demi-heure.
Oui, oui, je la signale aux autorités comme « enfant vulnérable »
Bonne journée ChèreEpouse.
Et encore une affaire résolue par LePaf.



LePaf pratique :

Tant que nous sommes dans les parquets, un petit truc pour réduire les craquements et qu’il sonne un peu moins hanté sous vos pas.

lundi 8 novembre 2010

La mission du Paf ne se limite pas à choyer sa famille ou à briquer son intérieur pour qu’il brille comme un miroir qui lui renverra sa vanité de bon génie du logis.
Non, le Paf a aussi le devoir de créer du lien social, ce onzième commandement de l’époque.
On commence le matin, dès le trajet pour l’école, à distribuer saluts, sourires et mouvements de tête.
Mais pas le temps de s’attarder.
Une fois les deux grands déposés aux bons soins de l’Education nationale je cours sur les trottoirs derrière ma poussette, klaxonne la foule à grands coups de « pardon ! » pour déposer dans les temps MaPrincesse à la crèche.
Rituel immuable et déchirant, les larmes qui montent en même temps que l’ascenseur, l’enfilage maladroit des surchaussures bouffantes en polyéthylène gaufré, les au-revoir pleins de baisers mouillés, éternellement recommencés.
Le cœur déchiré par l’abandon, le Paf doit pourtant faire face et entretenir la vie de quartier en saluant toutes ses connaissances, collègues parents, commerçants et autres tenanciers de débits de boisson avec de la bonne humeur plein le sourire. Il lui faut vaincre son naturel timide pour s’inquiéter de la santé de celle-ci, des pensées sur le climat de celui-là.
Faire de son bout d’arrondissement un village plein de concorde et de solidarité, tel que les sitcoms du soir nous l’envient, est à ce prix.
Ce matin, je suis rentré de ma tournée avec la fière satisfaction d’avoir apporté une importante contribution au bien vivre, déclenchant force sourires sur mon passage.
Satisfaction qui me tint chaud jusqu’au paillasson.
J’avais oublié de retirer les surchaussures en sortant de la crèche.


 

Le Paf pratique
Volontiers partageur de la bonne parole, je ne saurai garder pour moi les quelques conseils qui suivent concernant l’art du réveil, et extrait de ma bible personnelle :

jeudi 4 novembre 2010

Rentrée des classes et sourire de jubilation pour le père au foyer – PAF – qui se frotte les mains à l’ouverture de la grille de l’école.
Car telle est la dure vie du Paf – bonjour, je suis LePaf – les vacances sont pour lui l’occasion de plus de travail. Bien sûr on peut se débarrasser des bambins dans le premier TGV venu vers l’un ou l’autre des couples de grands-parents, de vagues cousins, une colonie… Les possibilités existent.
Mais la mauvaise conscience parfois…
On refuse d’abandonner sa progéniture, histoire d’abandonner un peu le rôle de parents indignes et on se retrouve rouge et éructant à débarrasse un plancher recouvert de jouets tandis que suspendus à mon jean, se balancent MonAîné, MonTerrible et MaPrincesse, tordus de rire et d’excitation, les cordes vocales au bord de l’explosion.
Mais je me plains, là ce ne furent que de petites vacances.
Lors des grandes, l’œil de Moscou(1) est dans la maison.
D’ordinaire, quand j’enchaîne courses, cuisine, lessives, vaisselle, toilettes et ramassage scolaire, j’ai droit à l’à peu près. Enfin, pour peu que les éventuelles négligences soient discrètes. ChèreÉpouse, trop épuisée par sa dure journée de travail ne verra même pas que c’est un de ses t-shirts – le rouge, trop mignon, acheté pour pas cher du tout dans une boutique hors de prix – qui moule de très près le buste de MonTerrible, quatre ans et demi sous ses bras levés.
En été, par contre, c’est plus difficile à camoufler comme bévue.
Les vacances d’été, c’est l’examen annuel, l’inspection permanente.
Ce qui se joue, c’est le risque que vous soyez privé de votre progéniture par une mère trop inquiète à l’idée de les laisser avec un tel incompétent.
ChèreÉpouse, bonne, magnanime – je t’embrasse ma jolie si tu me lis et, oui j’ai pensé à étendre le linge – a pourtant bien voulu valider ma deuxième année à ce poste.
Je suis là pour vous en causer.

(1) expression qui n’est sans doute pas compréhensible pour qui n’a pas l’âge d’avoir des enfants.
Mais soyez les bienvenus, ce n’est pas un club privé. 


Le Paf pratique :
En vacances on teste de nouveaux jeux.
Le dernier en date m’a valu quelques précieuses minutes de calme.